mardi 20 mars 2018

Jeune Aupair, un stage de paternité? Parents si vous en avez doutes, n'hesitez pas, ça t'aide pour prendre ton choix.

Ça fait quelques mois que j'etais chez moi, et quand je dis chez moi, je parle de mon pays, L'Espagne. Je parle pas d'une vrai maison, car ça fait longemps que je ne l'ai plus. On pourrait dire que je n'ai pas de foyer, que le sentiments des gens expatriés qui rentres chez eux pour les vacances, plein de joie et bonheur, ils sont pas tout à fait pareils pour moi, c'est-à-dire, a chaque fois que je rentre, j'ai du mal, c'est triste de le reconnaître, mais je n'ai pas un autre choix que partir ailleurs, encore et encore...
La verité c'est que je peux pas me plaindre, je pars pas vraiment pour nécessité ou plustôt oui, pour une besoin mental, de que, hèlas, chez moi ne sera jamais plus chez moi, je me sens pas comme chez moi, je suis plustôt un escargot où ma maison est où je suis.
Par ailleurs, en plus de la situation familial que j'ai, je commence a me sentir de plus en plus confortable avec des incunnues, et c'est drole parce que dès que j'etais petit j'ai toujours été, et je pense que je suis encore selon le moment, une personne trop trop timide, du coup ça m'a aidé a me ouvrir et me sentir mieux avec des étrangers.
Moi je suis le genre de être qui pense que c'est toujours meilleur d'écouter que de dire n'importe quoi, de garde le silence et aprendre des autres plustôt que raconter des salades, et franchement chaque de nous on a une histoire qui incroyable, et voilá, on a toujours entendu que la réalité dépasse la fiction, et des fois il faut pas voir un film ou lire un livre, il faut juste écouter les autres pour y apprendre et en profiter de la vie. Donc, petit à petit, j'ai constaté que je suis pas si seul que je pensais, j'ai compris ,et j'ai entendu pas mal de fois avec mes propres oreilles, que dans le monde entier il y a beaucoup plus de monde qui resemble a moi, qui se sens perdu, qui sait pas quoi faire, qui sait pas vraiment où il appartient, gens avec qui je me sens complètement identifié, et encore, si on écoute, en approfondissant, on comprends qu'aussi on garde des similarités au niveau de porquoi on a dû partir de chez nous. Le monde c'est si petit que on se trouve entre nous, gens de la même condition et c'est pas par hasard qu'on dit "Qui se ressemble s'assamble".
Pour finir j'aimerais dire que tout-ce que je viens de dire, c'est juste pour m'exprimer, pas pour me plaindre, d'ailleurs je me sens avant tout, vraiment privilégié.Pour concluir je citerai à Thomas Jefferson qui disait:

« Je crois beaucoup en la chance ; et je constate que plus je travaille, plus la chance me sourit »

Mon experience a l'étranger, pourquoi moi je sors? Pourquoi moi je n'ai pas envie de rester chez moi? Pourquoi je me sens bizarre et étrange dans mon pays et pourquoi au même temps ça me manque ma culture et ma belle province?


Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine

Nancy Huston et Leila Sebbar, Lettres parisiennes, J'ai lu, 1999 (1ere ed. 1985), Lettre IV, p. 20-25

Ayant quitté le Canada pour l’une, l’Algérie pour l’autre, Nancy Huston et Leila Sebbar se sont rencontrées à Paris en contribuant à diverses publications. Elles se connaissent depuis dix ans quand elles décident de s’écrire, pour se parler de l’exil. Trente lettres envoyées de Paris le plus souvent, parfois d’ailleurs, qui vont les rapprocher. Du 11 mai 1983 au 7 janvier 1985.
Le 16 juin 1983,
Chère Leila,
(…) Depuis six ans maintenant que j’habite la Rue des Rosiers, j’ai bien sûr fait des connaissances : je peux bavarder avec mon boulanger ou mon kiosquier (sur tout sauf des sujets politiques) ; la concierge et certaines voisines me demandent régulièrement des nouvelles de ma fille ; mais il est clair que je ne fais pas partie de leur monde. On se sourit, on se rend des petits services mais ça s’arrête là. Eux aussi sont expatriés, d’une façon ou d’une autre — souvent ils « rentrent » en Israël ou au Maroc pendant l’été —, mais à Paris ils forment entre eux une communauté, avec tout ce que ce mot implique d’habitudes familières et de contraintes. Je regarde cela avec une nostalgie difficilement explicable — car même dans mon enfance je ne l’ai pas connu, ce sentiment de « famille élargie » — et en même temps je suis contente de le côtoyer sans y être impliquée.
Parfois, l’on me demande si je ne souhaiterais pas un jour « rentrer chez moi », et quand je réponds que je n’ai plus d’autre chez moi que Paris, on est éberlué. J’essaie d’expliquer : je n’ai vécu dans aucune autre ville aussi longtemps (le record a été battu il y a trois ans déjà) ; je n’ai jamais vécu là où habitent maintenant ma mère et mon père (ce n’est d’ailleurs pas la même ville, ni le même pays) ; pendant les neuf ans qu’a duré leur mariage, ils ont déménagé dix-huit fois (c’était l’une des raisons du divorce) ; j’ai quitté mon pays natal il y a quinze ans maintenant, c’est-à-dire la moitié de ma vie…. Non. On ne comprend toujours pas. Pour un Européen, il est inconcevable que l’on ne ressente pas, loin de chez soi, « le mal du pays » et a fortiori que l’on n’ait aucun pays pour lequel le ressentir. J’envie parfois leur attachement à leur province ou à leur pays ; j’envie aussi les « vrais » exilés, ceux qui disent aimer passionnément leur pays d’origine, sans pouvoir pour des raisons politiques ou économiques y vivre ; dans ces moments, mon exil à moi me semble superficiel, capricieux, individualiste…mais il n’en est pas moins réel, et de plus en plus à mesure que le temps passe.
(….) Quand, après un an ou deux d’absence, je descends d’avion à Montréal, à Boston ou à New York, il y a toujours une mince épaisseur d’étrangeté au tout début : je perçois mon propre pays comme un pays étranger — ou plutôt, j’éprouve la sensation troublante, comme un rêve, que tout m’y est absolument familier et en même temps légèrement « déplacé ». Cette sensation dure quelques jours tout au plus. Elle est remplacée par l’étouffement. Je commence à « faire corps », comme tu le dis si bien, avec cette langue maternelle et avec cette mère patrie. Tout en elles m’étouffe, toutes les nuances de niaiserie depuis les prévisions météorologiques à la radio jusqu’aux conversations dans la rue. Je comprends trop bien, ça me colle à la peau : c’est moi — le moi que j’ai fui —, ce sont toutes les platitudes de mon enfance dans les Prairies plates, les mêmes inanités religieuses, les mêmes chansons débiles — et je panique. Là, pour le coup, j’ai le mal du pays, mais comme on dit le mal de mer : mon pays me donne la nausée.
Cette période s’achève généralement au bout de quinze jours. Ensuite, je deviens plus raisonnable. Je me rends compte qu’ici aussi il y a des gens merveilleux, une littérature qui s’écrit et que je ne lis plus, une vie musicale plus riche qu’en France… Je me détends, mon humeur massacrante se dissipe, je rends visite aux parents et aux amis, je les embrasse avec une tristesse sincère (ça, c’est le pire : toujours renouveler l’amitié et l’amour, toujours rouvrir les portes en sachant qu’elles se refermeront aussitôt après, rouvrir et refermer à l’infini)…, et je m’en vais. Et dans l’avion — les avions décollent invariablement en fin d’après-midi, et au-dessus de l’océan il y a des crépuscules d’une beauté déchirante — je pleure. Je pleure d’avoir à quitter ces êtres qui me connaissent et me comprennent au fond mieux que les Français ne le feront jamais ; je pleure l’immense, l’incomparable ciel canadien ; je pleure la langue anglaise qui m’a accueillie avec tant de naturel, qui a coulé de mes lèvres avec tant de facilité ; je pleure mes parents qui vieilliront encore alors que je ne serai pas là ; je pleure mes petits frères et sœurs qui ne seront plus petits et que je ne connais plus ; je pleure d’être la femme têtue et prétentieuse que je me semble alors, la femme sans cœur qui a tout balancé pour aller s’éclater à Paris.
De retour à Roissy, je hais la France. L’accent des Parisiens (surtout par contraste avec celui des Québécois) est grinçant, pincé et snob. Les gestes, les regards, tout est à l’avenant : assise à une terrasse de café, je me rends compte que je ne pourrai plus étendre mes jambes de la même façon qu’en Amérique et je suis envahie d’un ressentiment sans bornes… La petitesse et les rudoiements des commerçants français, venant après la bonhommie indiscriminée des Américains, me révoltent et me donnent envie de taper — même si je sais que cette bonhommie me semblera gratuite, exagérée et tout aussi révoltante dès que je retournerai aux Etats-Unis …
Bref, ce n’est pas pour moi une chose joyeuse que l’aller-retour d’un pays à l’autre. Je ne fais pas partie de la Jet Set, cette population apatride qui vit la transition d’un monde à l’autre dans l’allégresse, la légèreté. Pour moi, c’est lourd, j’en veux aux avions qui effectuent le trajet en sept heures comme si de rien n'était : il me faudrait au moins les sept jours de bateau pour me préparer au « choc des deux cultures », comme nous disons dans ma langue (…).
Nancy